Du 1er au 24 décembre, chaque jour un visage .
Comme le soulignait Daniel Arasse,
« le portrait est inévitablement une méditation sur le temps ».
Ce temps de l’avent — du latin adventus : avènement, arrivée du Messie — représente la période qui couvre les quelques semaines précédant Noël.
Que l’on soit croyant ou pas, c’est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Une lumière intérieure affleure dans les regards de ces 24 visages choisis dans l’histoire ancienne et contemporaine de la peinture et de la photographie, parce qu’ils m’ont émue, fascinée, captée.

huile sur toile, 162 x 91 cm, Paris, Musée du Louvre
150 ans avant Martial Raysse, la figure originelle, sous le pinceau d’Ingres, semblait déjà comme absente à elle-même. L’inexpressivité de ce visage de 3/4 entouré d’un turban brodé d’or noué sur la nuque exerce paradoxalement un attrait irrésistible !
« L’extrême minutie de la tresse qui souligne le lobe de l’oreille ainsi que le miroitement des perles attestent un souci de perfection formelle. (…). L’absence d’expression du modèle à la carnation diaphane, d’une beauté irréelle et presque mystique, vient renforcer la douceur des lignes associée à la délicatesse de la palette du peintre.»1
« (…)Jean Auguste Dominique Ingres (…) devient pensionnaire à la Villa Médicis de 1807 à 1810.
Sensible à l’esthétique antique, amoureux de l’art italien et plus particulièrement de Raphaël, il séjourne à Rome et Florence jusqu’à l’âge de quarante-quatre ans.
De ses années italiennes date La Grande Odalisque, peinte en 1814 pour répondre à la commande que lui avait faite [ la plus jeune sœur de Napoléon 1er, ] Caroline Murat, Reine de Naples.
(…)
Cette tête tournée vers le spectateur, la chevelure tirée sous un turban oriental, est semble-t-il inspirée des traits de la jeune [ artiste copiste ] Atala Stamaty dont le peintre fit un portrait quelques années plus tard.

par Jean-Auguste-Dominique Ingres en 1818, Paris, musée du Louvre
À partir du visage de la jeune fille, Ingres compose une beauté idéale, magnifiée, (…) [ dont la coiffure ] offre par ailleurs de belles correspondances avec La Fornarina de Raphaël.»1
1 Extraits [ avec ajouts ] de la notice de la Tête de la Grande Odalisque du musée de Grenoble
