Du 1er au 24 décembre, chaque jour un visage .
Comme le soulignait Daniel Arasse,
« le portrait est inévitablement une méditation sur le temps ».
Ce temps de l’avent — du latin adventus : avènement, arrivée du Messie — représente la période qui couvre les quelques semaines précédant Noël.
Que l’on soit croyant ou pas, c’est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Une lumière intérieure affleure dans les regards de ces 24 visages choisis dans l’histoire ancienne et contemporaine de la peinture et de la photographie, parce qu’ils m’ont émue, fascinée, captée.

tondo en cadre rectangle, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
Élève de Jean-François Portaels, Édouard Agneessens fit partie en 1860 du groupe L’Art Libre. Entre 1869 et 1870, il a résidé à Saint-Pétersbourg, en Russie.
En 1868, il est l’un des membres fondateurs de la Société libre des beaux-arts à Bruxelles.
Des troubles mentaux le conduisent à être interné les dernières années de sa vie.
Le 20 août 1885, il décède à Uccle dans la maison de santé où il était interné.
La biographie un peu triste d’Édouard Agneessens est tellement succincte que l’on ne sait rien du modèle de ce portrait. Aussi me faut-il imaginer les pensées cachées derrière ce regard bleu, sous le pinceau du peintre…

Alors j’imagine qu’elle contemple ou se souvient d’une estampe japonaise d’Utagawa Hiroshige 1 (1797–1858), qui irradie la même lumière douce que son visage, où l’on retrouve le même bleu pâle de ses yeux, le gris de sa coiffe et la touche de corail sur ses lèvres.


Même si l’engouement pour le Japon est arrivé en Belgique un peu plus tard qu’en France, on pouvait lire dans un article intitulé L’exposition japonaise, du n° 20 de la revue L’art moderne en 1889 :
« Pour nous, qui aimons l’art japonais pour les sensations neuves qu’il procure […], l’exposition qui vient de s’ouvrir nous laisse des impressions exquises, que partageront tous ceux que le virus du japonisme aigu n’a pas atteints. »
1 Riverbank at Sukiya in Edo, from the series Thirty-six Views of Mount Fuji , Utagawa Hiroshige I (1797–1858), Edo period, 1858, Woodblock print (nishiki-e); ink and color on paper, 37.1 × 25.3 cm, MFA Boston
