Du 1er au 24 décembre, chaque jour un visage .
Comme le soulignait Daniel Arasse,
« le portrait est inévitablement une méditation sur le temps ».
Ce temps de l’avent — du latin adventus : avènement, arrivée du Messie — représente la période qui couvre les quelques semaines précédant Noël.
Que l’on soit croyant ou pas, c’est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Une lumière intérieure affleure dans les regards de ces 24 visages choisis dans l’histoire ancienne et contemporaine de la peinture et de la photographie, parce qu’ils m’ont émue, fascinée, captée.

Depuis 1995, le photographe néerlandais Hendrik Kerstens photographie sa fille, Paula.
Initialement, les photographies de Kerstens étaient créées par le désir de l’artiste de capturer quelque chose des moments éphémères de l’enfance. Les images enregistraient des événements quotidiens – le coup de soleil de sa fille, le bain de l’enfant.
Cependant, un jour, il y eut un moment de révélation où Kerstens ne la vit pas seulement par rapport aux événements de sa propre vie, mais projeta également sur elle son intérêt pour les peintres néerlandais.
« Un jour, Paula est revenue d’une promenade à cheval. Elle a enlevé sa casquette et l’image de ses cheveux maintenus par un filet m’a frappé. Cela m’a rappelé les portraits des maîtres néerlandais et je l’ai représentée de cette manière. Après cela, j’ai commencé à faire davantage de portraits dans lesquels je fais référence aux peintures de cette époque. Ce qui me fascine en particulier, c’est la façon dont une peinture du XVIIe siècle est vue comme une surface qui peut être lue comme une description de la vie quotidienne, contrairement aux peintures de la Renaissance italienne, qui racontent généralement une histoire. La peinture d’Europe du Nord repose beaucoup plus sur le savoir-faire et la représentation parfaite du sujet. L’utilisation de la lumière est essentielle dans cela », explique Kerstens.

Hendrick Kerstens pense le portrait comme un art pictural.
On retrouve dans ses photographies des références [aux primitifs flamands et aux grands maîtres du siècle d’Or néerlandais], Jan van Eyck, Petrus Christus, Rogier van der Weyden [pour le XVe siècle] et finalement Johannes Vermeer [pour le XVIIe siècle] .
Le travail de Kerstens, cependant, ne se limite pas à l’imitation de la peinture. Dès le début, il s’est de plus en plus intéressé à combiner l’art du portrait photographique avec le jeu consistant à créer un dialogue (…) entre passé et présent. Un accessoire trivial – un morceau de papier d’aluminium, une serviette en papier, un sac en plastique – nous ramène dans le monde contemporain. Les titres révèlent le jeu.
Dans Bag » un sac en plastique est façonné pour ressembler à une coiffe en dentelle.
Puis le spectateur plonge dans les profondeurs du visage intemporel de Paula.

Paula Kerstens est historienne de l’art. En 2017, elle a obtenu son diplôme de l’Université de Louvain avec sa thèse de maîtrise sur la relation entre la photographie de portrait du XIXe siècle et la peinture baroque. Elle donne des conférences pour des institutions culturelles en Belgique et à l’étranger, et rédige des articles sur la collaboration avec son père pour des magazines artistiques et des revues internationales. Elle joue un rôle actif dans la réalisation d’expositions sur leur travail.
Elle est toutes ces jeunes femmes peintes par ses ancêtres flamands.
Kerstens explore les passions humaines dans un travail concentré sur l’intériorité.
Il est tout à fait significatif qu’il ait choisi pour l’essentiel de portraiturer sa fille en qui il voit un archétype. Comme Rembrandt, il cherche à capturer et à transmettre toute la palette de ses sentiments à travers les émotions, l’humeur et le caractère d’une personne ; d’arriver à l’universel en partant de l’infime, du détail.
Textes issus de notes prises en consultant plusieurs pages web évoquant le travail d’Hendrick Kerstens.
