Du 1er au 24 décembre, chaque jour un visage .
Comme le soulignait Daniel Arasse,
« le portrait est inévitablement une méditation sur le temps ».
Ce temps de l’avent — du latin adventus : avènement, arrivée du Messie — représente la période qui couvre les quelques semaines précédant Noël.
Que l’on soit croyant ou pas, c’est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Une lumière intérieure affleure dans les regards de ces 24 visages choisis dans l’histoire ancienne et contemporaine de la peinture et de la photographie, parce qu’ils m’ont émue, fascinée, captée.

« Sofonisba Anguissola (1531/32-1626) bien que femme et noble, est devenue un peintre reconnu et a admirablement réussi dans un domaine jusqu’alors réservé exclusivement aux hommes.
Portraitiste de grand talent, elle est appelée à la cour du roi Philippe II d’Espagne, où elle est dame d’honneur de la reine et peintre de la famille royale.
Cette artiste occupe une place tout à fait particulière dans l’histoire de la peinture de son temps et elle ouvre la voie à d’autres femmes peintres, comme Artemisia Gentileschi, qui, comme elle, a été oubliée parce qu’elle était femme, et redécouverte parce qu’elle était femme.»1
En 1568, Giorgio Vasari décrit ainsi son art : « Des peintures et des portraits d’une beauté merveilleuse.»
Anguissola, une des premières artistes à se représenter debout à son chevalet, choisit d’apparaître de manière simple et sobre en train de peindre une Vierge à l’enfant, un « tableau d’histoire » – le genre le plus noble, d’ordinaire réservé aux hommes.
Cet autoportrait démontre qu’elle peut peindre ce type d’œuvre religieuse – un genre, à son époque, plus estimé que le portrait.

Dans l’un des collages de ma série fragments d’elles, j’ai imaginé Sofonisba voyageant plus loin encore, invitée en résidence à la cour de l’empereur chinois Jiajing (1507-1567), de la dynastie des Ming, accompagnée d’un cervidé, symbole de longévité…

Collage numérique,Tirage pigmentaire sur papier Baryté satin, format 30 x 42 cm –
Édition de 7 + 2 EA
Dans cette série, mon ambition est, qu’en quittant le tableau original pour entrer dans un champ esthétique autre, « mes » femmes soient vues différemment, qu’elles acquièrent une vie propre ou peut-être la retrouvent (au sens de retrouver sa liberté), qu’elles partent en voyage et libèrent l’imaginaire du regardeur comme on ouvre une fenêtre sur un autre monde et qu’elles deviennent les héroïnes d’une histoire à écrire.
1 Résumé du passionnant article Les autoportraits de Sofonisba Anguissola, femme peintre de la Renaissance par Michelle Bianchini.
