Du 1er au 24 décembre, chaque jour un visage .
Comme le soulignait Daniel Arasse,
« le portrait est inévitablement une méditation sur le temps ».
Ce temps de l’avent — du latin adventus : avènement, arrivée du Messie — représente la période qui couvre les quelques semaines précédant Noël.
Que l’on soit croyant ou pas, c’est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Une lumière intérieure affleure dans les regards de ces 24 visages choisis dans l’histoire ancienne et contemporaine de la peinture et de la photographie, parce qu’ils m’ont émue, fascinée, captée.
Happée par cette photographie sur les cimaises de Paris Photo 2023, je cherche à en savoir plus sur son auteur, Ren Hang, qui « plus qu’un photographe est un poète visuel qui compose en images des jeux de mots ou de signes. Il procède par collages, collisions et inversions. »1

« Des éléments naturels servent parfois de décor – plantes, arbres, lacs – et des animaux – paons, colombes – s’invitent parfois dans les images, mêlant leurs plumes et leur corps fragile aux nus de Ren Hang.»2
C’est cet aspect de son travail qui m’intéresse ici.

« Ren Hang, auteur de photos de nus démantibulés et de poèmes mélancoliques, a mis fin à ses jours vendredi 24 février 2019 à l’âge de 29 ans.
[…]
Né le 30 mars 1987 à Changchun, province de Jilin, au nord-est du pays, d’un père cheminot et d’une mère ouvrière, Ren Hang n’a pas étudié la photographie mais le marketing à l’université. Trouvant ses études ennuyeuses, il s’est mis à photographier ses amis de dortoir dans des mises en scène improvisées. Il gardera toujours cet aspect instantané : chez lui, pas de lumière sophistiquée, pas d’équipe fournie, il photographie avec un petit Minolta et saisit son intuition du moment.»2

« Ren Hang hormis le souffle de « subversion » de la jeunesse chinoise exprime aussi et surtout la nouvelle approche de la photographie, où celle-ci en tant que telle n’a aucune valeur intrinsèque, où le rapport même au réfèrent et donc la valeur d’archive et d’indexation ne compte plus. L’appareil photo ne sert plus à produire des instantanés photographiques, mais à créer (non pas reproduire et produire) des images », écrit Thierry Grizard.
Plus loin dans Ren Hang, des signes de l’amour, l’auteur et créateur du magazine ARTEFIELDS poursuit « Les images du photographe chinois ne sont jamais des portraits, les modèles sont inexpressifs (exactement comme chez Araki) et dans la plupart des cas statiques, ils posent, ils ne sont pas saisis dans l’action »,

La dépression, dont Ren Hang souffrait depuis des années, occupait une section à part entière de son site Internet, où il consignait des poèmes et des notes personnelles.
Love
I’m watching you
Yet still worried that you might disappear
I’m hugging you
Yet still worried that you might disappear
Moon will not disappear
Sun will not disappear
Even on a overcast day
Even when you can’t see them
You know they did not disappear
This is the only way to console my self.
04.01.2017 . Ren Hang
1 Extrait de Ren Hang, des signes de l’amour, par Thierry Grizard dans le magazine ARTEFIELDS
2 Extraits de Qui était le jeune photographe chinois Ren Hang, mort à 29 ans ?, par Claire Guillot dans Le Monde du 28 février 2017
