C’est moi qui souligne,
clin d’œil au merveilleux roman de Nina Berberova, un titre qui parle de lui-même.
Quand je lis, je souligne…une phrase pour l’idée qu’elle porte et qui me transporte, parfois un plus long passage pour sa pertinence, une pensée pour son chatoiement.
Le plaisir de partager mon enthousiasme pour un livre et les images qui me viennent à l’esprit en lisant ses lignes.

« Le temps, nous ne le voyons de face qu’au moment de mourir, mais la photographie nous a donné le pouvoir étrange de la saisir par des coupes qui l’interrompent et le suspendent. Chacune de ces coupes agit comme une césure et comme une éclosion : par le choix de l’instant et du cadre, une éruption de sens est délivrée chaque fois. (…)»
Une éclosion continue, de Jean-Christophe Bailly, paru l’année dernière au Seuil, 320 p.

« (…) au temps d’exposition et au réglage de la vitesse proprement dits s’ajoute une autre donnée, non mesurable, qui est liée au mode d’habitation dans le temps : (…) entre une vague qui s’ourle et un visage qui nous regarde, il y a certes des différences de sujet, mais il y a d’abord des différences de temporalité (…). »

« (…) dans une de ces césures où le temps, tout en restant unanime, semble se diviser entre un cours qui passe et un bord d’où l’on peut, avec lui, le contempler.»

« La photographie est un art du temps, qui débite le temps en lamelles inframinces, mais l’extraordinaire est que dans ces lamelles, qui sont autant de stoppages, des récits soient induits et même développés : étranges récits compactés dans l’instant et qui, comme tels et justement parce qu’ils sont si contractés, si condensés, contiennent un énorme pourvoir de latence.»
* Plus sur l’artiste libanaise Maria Kassab ici
