Le dit de l’image #516

comme une éphéméride du sensible,
une ou des images choisies ou créées
qui appellent des mots, ou l’inverse…

L’émotion née d’un rayon de soleil qui entre dans une chambre est si particulière, comme une épiphanie des rêves de la nuit.

La 13e chambre d’amour – le vitrail, 1985, Bernard Faucon (né en 1950), Tirage au charbon en quadrichromie (procédé Fresson), Collection Maison Européenne de la Photographie

Elle peut être amoureuse comme dans cette série de photographies de Bernard Faucon ;

Lointains souvenirs, 2016, Flore photographe (née en 1963)

subtilement indochinoise dans les Lointains souvenirs de Flore ;

Bed in mirror, Rhode Island, Eva Rubinstein (née en 1933), Galerie in camera

l’intime reflété, avec Eva Rubinstein ;

Museum of Chance, 2013, Dayanita Singh (née en 1961)

ou la tiédeur d’un souffle indien chez Dayanita Singh.

Cette émotion peut être encore « une joie confuse et étourdissante », comme je le lis ce matin dans les carnets d’Albert Camus :

« Ce jardin de l’autre côté de la fenêtre, je n’en vois que les murs. Et ces quelques feuillages où coule la lumière. Plus haut, c’est encore les feuillages. Plus haut, c’est le soleil. Et de toute cette jubilation de l’air que l’on sent au dehors, de toute cette joie épandue sur le monde, je ne perçois que des ombres de feuillages qui jouent sur les rideaux blancs. Cinq rayons de soleil aussi qui déversent patiemment dans la pièce un parfum blond d’herbes séchées. Une brise, et les ombres s’animent sur le rideau. Qu’un nuage couvre, puis découvre le soleil, et voici que de l’ombre surgit le jaune éclatant de ce vase de mimosas. Il suffit : cette seule lueur naissante et me voici inondé d’une joie confuse et étourdissante.»

Albert Camus, Carnets, mai 1935 – février 1942

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