La tête dans les nuages #10

Parce qu’ils sont l’image même de la métamorphose et de l’impermanence des choses, documenter la représentation des nuages dans l’art d’hier et d’aujourd’hui, c’est le plaisir de porter aux nues l’imagination inépuisable et la dextérité des artistes pour les figurer. Deux ou trois images choisies et des mots pour le dire.

Vus dans la très belle exposition collective de la Galerie XII, Il y a un instant où la nuit se fait voir à la lumière, les nuages capturés par le photographe contemporain Andrei Fărcășanu semblent avoir traversé les siècles.

Timesless Interventions #7180, 2017, Andrei Fărcășanu, Galerie XII, Paris

Au-delà de la tonalité et du grain de l’image, la sensation vient aussi de l’intention de son auteur qui, dans la série Timeless Interventions, représente un aperçu du concept du temps en général, et en particulier de l’idée que nous expérimentons le « temps » comme une ligne temporelle de présents continus1.

Marine, Étude de nuages, 1856, Gustave Le Gray (1820-1884), épreuve sur papier albuminé à partir d’un négatif sur verre au collodion, 32 x 39 cm, Paris, musée d’Orsay

Près de deux siècles avant lui, Gustave Le Gray est l’auteur de cette marine, qui est plutôt une étude de ciel d’une admirable sérénité, […] sans doute une des plus impressionnantes et des plus poétiques de toutes celles de Le Gray. Il est le premier à utiliser à une aussi grande échelle et avec une maîtrise consommée le collodion humide, mis au point en 1851. Cette technique est apte à transcrire à la fois le mouvement compact des flots et la lumière du ciel, mais ces deux éléments nécessitent un temps de pose différent. Aussi, Le Gray réalise un véritable tour de force technique en combinant deux négatifs, l’un pour les nuages, l’autre pour la mer.2


1 Passage en italique > Extrait du texte d’Andrei Fărcășanu
2 Passage en italique > Extrait de la présentation du musée d’Orsay

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