Le dit de l’image,
comme une éphéméride du sensible,
une ou des images choisies ou créées
qui appellent des mots, ou l’inverse…
Où la lumière traverse, rencontre avec Béatrice Casadesus.
Ce matin, le ciel mouillé sur les toits de Paris est comme une révérence à la lumière de la radieuse journée d’hier.
Après l’émotion générée par les puissants retables de Fabienne Verdier à la galerie Lelong et celle de croiser le regard ardent de l’artiste, traverser la Seine, pousser la porte de la galerie Dutko et découvrir les Modulations de Béatrice Casadesus : entrer dans la lumière.
Il y a des jours comme cela où la chance vous sourit. Je ne sais l’expliquer mais la présence physique de l’artiste apporte à celle de ses œuvres comme une quatrième dimension. Celle de Béatrice Casadesus —frêle silhouette vêtue hier d’un chemisier aux motifs répétés d’ocelles de paon bleutées, pourpres et dorées comme un écho à ceux de ses toiles— séduit d’emblée par sa spontanéité volubile et gracieuse.

De sa voix ténue mais ferme, elle nous éclaire sur le choix du titre de son exposition, Modulations, moduler étant un terme qu’employait Cézanne pour évoquer sa conception de la peinture. Il a été repris par Élie Faure et Gilles Deleuze. On associe généralement ce terme à la musique. Le silence de la peinture est ma musique intérieure.
« Il semblait que la couleur montât de ce tableau pour en fleurir la surface par ce jeu de ce qu’il appelait lui-même (Cézanne) la modulation, qu’une musique émouvante, reliant les uns aux autres tous les points de l’étendue peinte, s’en élevât. »
Elie Faure, L’esprit des formes II, 1927, p. 183*
Pour cette nouvelle exposition à la galerie Dutko, Béatrice Casadesus a voulu que l’accrochage soit comme un manifeste de l’immersion dans la peinture par le jeu des modulations.
Ces œuvres marquent son attachement à une utilisation de la lumière comme sujet en soi non rattaché à une représentation de l’objet.

Je remarque aussi les titres des œuvres et, plus tard, je lis dans le catalogue ses mots qui me ravissent : Le titre à lui seul est un processus de pensée. Ce que Matisse appelait « Confirmer mon intention ».
La sonorité des mots influence les titres.

Le vent d’or ou vent des dieux se veut la trace d’un mouvement dans un ciel d’or.
Ce tableau est conçu en double carré. Le format horizontal paricipe de la tension de l’ensemble.*

Me croira-t-on si je dis qu’un détail de pointillés violets observé dans la représentation de l’eau d’une peinture de Cross a influencé ma décision de remplacer le bleu par le violet ?
Violine tend vers le pourpre.
Ce titre s’est imposé à moi pour sa sonorité me rappelant le timbre du violon de mon grand-père lorsque l’archet glissait d’une note à l’autre.*

Les interstices formés par les lames horizontales de mon volet s’allient au mouvement incertain de la lumière. La trace mouvante des tâches colorées s’habille des nuances du prisme.*
On peut voir l’artiste au travail dans ce joli film de 2010, de Lazlo Licata : Peindre n’est peut-être que traverser la lumière.
Barbara, le matin, octobre 2024
* Extraits du catalogue édité à l’occasion de l’exposition Modulations à galerie Dutko du 26 septembre au 2 novembre 2024 qui m’a été gracieusement offert.


Nathalie Beaufils
Cette belle rencontre t’a marquée ! Tu es entrée en résonance …
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Barbara
oui, tout à fait 🙂
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