Du 1er au 24 décembre, chaque jour une, des fenêtres vues par les photographes.
Que l’on soit croyant ou pas, le temps de l’Avent est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Ouvrir chaque jour une, des fenêtres vers la lumière : documenter la façon dont les artistes photographes regardent les fenêtres.
Photographie, du grec ancien φῶς, φωτός, phôs, phôtós, lumière et γράφω, gráphô, écrire, littéralement : écrire avec la lumière.

Il y a quelque chose de magique dans le fait de voyager en train ; on se retrouve à avoir simultanément deux visions : une extérieure et une intérieure.
De l’extérieur de la fenêtre, nous tournons notre regard vers le monde qui s’écoule et cela nous permet de nous perdre dans les images et nos pensées en toute liberté.
« Tout bouge, tout court ; les choses en mouvement se multiplient, se déforment, se succèdent, comme des vibrations, dans l’espace qu’elles traversent… » .
(extrait du « Manifeste technique de la peinture futuriste »)…1

Nan Goldin (née en 1953), cibachrome print, 30 x 30 inches
Icône des années 1980, Nan Goldin a révolutionné la photographie, en faisant de sa vie son œuvre.
Durant près de quarante ans, elle n’a eu de cesse de photographier ses proches dans leur intimité. Fous rires, soirées, sexe, drogue, étreintes, enfants, maladie, enterrement. L’artiste a cherché retenir chaque moment partagé avec ses amis, luttant de toute ses forces contre le temps et l’oubli.
Elle a également réalisé de nombreux autoportraits (…).
À la fin des années 1980, le fléau du sida déferle, emportant ses meilleurs amis, qu’elle aura ainsi photographiées jusqu’à la mort.
Son œuvre, qu’elle présente comme un « journal intime », devient le récit de toute une génération. Contrairement à Diane Arbus, à qui elle est souvent comparée, elle a aboli la distance conventionnelle qui la séparait de ses sujets : « Je veux montrer exactement à quoi mon monde ressemble, sans glamour, sans glorification. » (The Ballad of Sexual Dependency, 2006)
Issue d’une famille bourgeoise de la banlieue de Washington, elle est traumatisée par le suicide à l’âge de 18 ans de sa sœur aînée Barbara Holly, pianiste émérite, son âme sœur et son modèle. Ses parents tentent en vain de faire passer le suicide pour un accident. Ce drame est déterminant dans son orientation artistique, son mode de vie libertaire et son souci de vérité : « La photographie et la drogue m’ont sauvé la vie », affirme-t-elle. À l’âge de 15 ans, elle s’enfuit du domicile familial et s’initie à la photographie.2

En tournant notre regard vers l’intérieur, vers nos compagnons de voyage inconnus, on peut fantasmer sur leur vie. Tant de personnes différentes croisent brièvement notre chemin, tant en termes de milieu social que d’ethnie, mais toutes avec de grands désirs et aspirations.1
(…)
1 Extraits du texte d’Ida di Pasquale accompagnant ses photographies publiées sur le site de l’Œil de la photographie
2 Extraits de la bio de Nan Goldin sur le site AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions)
