Calendrier de l’Avent 2024 / 24 fenêtres #10

Du 1er au 24 décembre, chaque jour une, des fenêtres vues par les photographes.

Que l’on soit croyant ou pas, le temps de l’Avent est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Ouvrir chaque jour une, des fenêtres vers la lumière : documenter la façon dont les artistes photographes regardent les fenêtres.
Photographie, du grec ancien φῶς, φωτός, phôs, phôtós, lumière et γράφω, gráphô, écrire, littéralement : écrire avec la lumière.

Le chien concierge, 1926, André Kertész (1894-1985)

André Kertész est l’un des photographes majeurs du XXe siècle, avec une carrière de plus de 70 ans. D’origine hongroise, son œuvre mêle poésie et intimité, influencée par les avant-gardes européennes. Autodidacte, il débute avec une photographie réaliste pendant la Première Guerre mondiale, illustrant la vie quotidienne des soldats. Après la guerre, il ambitionne de devenir photographe professionnel.

En 1925, Kertész s’installe à Paris, où il fréquente les milieux artistiques d’avant-garde et photographie scènes de rue, ateliers et cafés. Sa renommée croît grâce à des collaborations avec des revues françaises et étrangères et à des expositions, notamment sa série Distorsions (1932-1933). Toutefois, à partir de 1934, il rencontre des difficultés à obtenir des commandes en France.

En 1936, il émigre aux États-Unis et travaille pour des magazines comme Vogue et House and Garden. Après la guerre, il publie Day of Paris, un hommage au Paris des années 1930. Dès les années 1960, son travail est largement reconnu à travers des expositions internationales.

Paris reste un thème central de son œuvre, visible dans des publications comme Sixty Years of Photography et J’aime Paris. André Kertész s’éteint à New York en 1985, laissant une empreinte durable dans l’histoire de la photographie.1

From The Ernie series, Tony Mendoza (né en 1941) – Archival inkjet print 17 x 22” – Lee Marks Fine Art

En 1980, j’ai quitté Boston pour New York, persuadé que c’était là que je devais être pour réussir dans le monde de l’art. Avec peu de contacts et encore moins d’argent, j’ai eu la chance de trouver rapidement un loft abordable partagé avec Nancy, une peintre, et son chat, Ernie. Ce chat a aussitôt inspiré mon prochain projet photo.

Pendant quatre ans, j’ai photographié Ernie presque tous les jours, accumulant plus de 10 000 clichés. En 1985, j’ai publié Ernie: A Photographer’s Memoir, un livre photo qui a connu un succès immédiat, même si l’éditeur avait imprimé trop peu d’exemplaires pour répondre à la demande. Les critiques étaient enthousiastes, mais nous avons raté l’occasion des fêtes. Malgré tout, le livre a été réimprimé plusieurs fois et a ouvert la voie à ma carrière.

Ce projet m’a appris l’importance de l’obsession, de la persévérance et de la combinaison de la photographie et de l’écriture. Grâce à lui, j’ai eu la confiance nécessaire pour publier d’autres livres et poursuivre mon parcours artistique. En 1985, j’ai déménagé à Miami, où je me suis marié et ai continué à vivre avec des chats, même si je n’ai jamais refait de projet similaire à celui d’Ernie. Ce projet restera unique, un tournant dans ma vie et ma carrière.


Tony Mendoza2

From I Left My Grandmother’s House,
Victoria Hely-Hutchinson (née en 1984, Britannique)

Dans For I Left My Grandmother’s House, Victoria Hely-Hutchinson mobilise non seulement son regard, mais aussi son écoute pour explorer sa famille élargie en Autriche.
L’œuvre mêle des fragments de récits familiaux à des photographies minutieusement observées. Elle ne propose ni une critique bien ficelée de l’aristocratie existante, ni une vénération béate des décors, en s’extasiant et en jouant avec les rideaux en brocart.
À la place, elle se contente de montrer et de raconter, avec une perspective désincarnée issue de la subjectivité familiale. (…)

Le cœur du projet réside dans les récits à l’humour sombre que partage au dîner la grand-mère de Hely-Hutchinson, une comtesse austro-hongroise charismatiquement autoritaire (ou autoritairement charismatique ?) qui, à 16 ans, s’est enfuie avec un étudiant étranger anglais de la famille (plus tard connu comme Grand-père Hugh) et vit désormais une vie de plaisirs sur la Riviera française(…).
Partie en Autriche avec le nom de sa grand-mère pour ouvrir quelques portes et se faire une place à table, Hely-Hutchinson s’est engagée dans cette quête à la fois intime et documentaire.

Tout comme les histoires elles-mêmes, les photographies de Hely-Hutchinson restent souvent ouvertes, parfois des énigmes, parfois des poèmes. (…) Dans ces photos, la précision et la métaphore se heurtent sans jamais s’excuser.


1 Les archives d’André Kertész sont consultables sur rendez-vous à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie au fort de Saint-Cyr (Montigny-le-Bretonneux).

2 Résumé du texte de présentation du livre de Tony Mendoza sur le site de L’Œil de la photographie

3 Extraits du texte de présentation du livre de Victoria Hely-Hutchinson

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