Du 1er au 24 décembre, chaque jour une, des fenêtres vues par les photographes.
Que l’on soit croyant ou pas, le temps de l’Avent est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Ouvrir chaque jour une, des fenêtres vers la lumière : documenter la façon dont les artistes photographes regardent les fenêtres.
Photographie, du grec ancien φῶς, φωτός, phôs, phôtós, lumière et γράφω, gráphô, écrire, littéralement : écrire avec la lumière.

Depuis plus d’une vingtaine d’années Franck Pourcel déploie un exigeant travail photographique dans lequel la mémoire des paysages (leur transformation, leur modernité) et l’histoire des hommes (leurs quotidiens, leurs migrations, leurs coutumes ou leurs métiers…) se rencontrent.1
Failles, entre lieux et non-lieux est fondé sur une théorie formulée par plusieurs archéologues et anthropologues selon laquelle, il y a plus de 20 000 ans, lors de la dernière période glacière, des peuples venant d’Asie auraient traversé la Béringie (actuel détroit de Béring) pour parvenir jusqu’à l’Amérique du nord. Certains groupes se fixeront sur les terres au nord, alors que d’autres continueront leur migration jusqu’au sud de l’Amérique.
Ce projet associe des photographies, des scènes vidéo et des documents divers (cartes, dessins, textes), dans lesquels, à partir des notions de localité nomade et de non-lieu globalisé, je tente d’explorer dans plusieurs régions de la planète les rapports et les tensions entre cultures vernaculaires (en particulier celles des populations nomades, aujourd’hui globalement menacées) et monde industriel à l’époque de l’Anthropocène.
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L’enjeu est d’esquisser un tracé, soit-il imaginaire (mais néanmoins repérable et situé), à l’échelle planétaire, et de constituer à même les images un espace à la fois fragmentaire et transfrontalier.
Mon idée est donc de suivre cette longue route depuis la chaîne de l’Altaï en Mongolie jusqu’en Patagonie au sud du Chili, afin de photographier des populations nomades (ou semi-nomades ou anciennement nomades) et de documenter les violences que ces populations et leurs territoires ont subies au cours de l’histoire.
Je souhaite ainsi me confronter aux lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable, interroger les notions de lieux et de non-lieux, en portant une attention particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps.2
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Franck Pourcel

Née à Marseille en 1984, Delphine Parodi vit et travaille à Tokyo.
À la lisière entre photographie documentaire et narrative, son travail se concentre essentiellement sur les relations entre les sociétés et leur environnement. Naviguant entre visible et invisible, elle tisse des liens délicats entre mémoire individuelle et mémoire collective.
La série Out of sight, À l’abri du regard, a fait l’objet d’un livre édité chez le bec en l’air, Un dialogue humble et délicat, entre photographie, témoignages et poésie, sur la vie après un drame écologique.
La catastrophe nucléaire de Fukushima a durablement bouleversé les relations autrefois intenses entre les individus, leur communauté et les cycles de la nature. Comment vivre alors dans un nouvel environnement sous la menace constante de taux de radiation élevés ? Comment exister lorsque la simple liberté de vivre au présent a été supprimée, quand sensations et perceptions charnelles ont été ébranlées et que les liens unissant une communauté à son environnement ont été compromis ?
Telles sont les questions qu’évoque ce livre, avec pudeur et délicatesse, dans un dialogue à plusieurs voix. Installée au Japon depuis 2010, la photographe française Delphine Parodi se rend à Fukushima pour la première fois durant l’été 2012. Pendant sept ans, elle y retourne régulièrement, aussi bien à l’intérieur de la zone d’évacuation forcée de 20 kilomètres autour de la centrale que dans les « trois pays » de la préfecture de Fukushima. Elle photographie, écoute et recueille les témoignages des personnes évacuées.
Ses images réalisées avec un appareil moyen-format, présentées sous forme de diptyques, font dialoguer paysages intimes, souvent insondables – rivières, montagnes, lacs, forêts, carrefours, bancs isolés… – et portraits d’habitants, le corps à la jonction entre intérieur et extérieur, comme un vecteur de conscience de l’environnement. Ses images suggèrent l’altération de leur rapport à ces lieux aussi bien que l’importance de la mémoire individuelle.4

Né en 1986, Benjamin Hoffman est un réalisateur de documentaires et photographe, principalement axé sur les thèmes de la migration culturelle et de la disparition.
Benjamin Hoffman a vécu et photographié plusieurs mois au Cap, en Afrique du Sud. La violence et l’intensité des contrastes de la ville l’ont fasciné ; avec Farewell Cape Town, il nous livre sa réflexion sur la relation de l’homme à l’autre et à son environnement. Son regard, à la fois attentif et tendu, est toujours emprunt de tendresse et de bienveillance.
1 À travers les prismes de la mythologie, de l’histoire, de la sociologie, de l’anthropologie, de la poésie, son regard est toujours porté par une sensibilité qui donne à ses sujets une singularité. Dans le travail de Franck Pourcel, il est question de la manière dont on vit là où l’on est. (…)
Guillaume Mansart – Documents d’artistes – CNAP
2 Lire la présentation du projet Failles, entre lieux et non-lieux de Franck Pourcel en intégralité sur le site de L’Œil de la photographie
3 Plus sur les livres de Franck Pourcel aux éditions Le bec en l’air
4 Voir la présentation du livre Out of sight en vidéo sur le site de France photobook
