Calendrier de l’Avent 2024 / 24 fenêtres #17

Du 1er au 24 décembre, chaque jour une, des fenêtres vues par les photographes.

Que l’on soit croyant ou pas, le temps de l’Avent est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Ouvrir chaque jour une, des fenêtres vers la lumière : documenter la façon dont les artistes photographes regardent les fenêtres.
Photographie, du grec ancien φῶς, φωτός, phôs, phôtós, lumière et γράφω, gráphô, écrire, littéralement : écrire avec la lumière.

Série Hélène, 20 photographies argentiques réalisées entre les années 2004-2012, constituant le livre Hélène, paru en avril 2022, Estelle Lagarde

« Depuis toujours, Estelle Lagarde travaille le temps. Elle modèle dans ses photographies les présences, les absences, les traces laissées par des vies dans des lieux abandonnés, oubliés.
En rencontrant Hélène, elle ne sait pas que ces mises en scène la feront renaître un jour dans nos yeux. Parce qu’Hélène n’est plus. Sauf dans ces images. Une fiction emportée par la réalité du 13 novembre 2015.
Il faut donc garder le livre à portée de main pour savourer le pouvoir de la photographie. Hélène emporte avec elle les émotions, les mots, les regards de la photographe aujourd’hui ancrée dans ce lien intime avec son modèle tué au Bataclan. Il renaît au creux de ces pages. »

Brigitte Patient – Extrait de la préface Hélène, 2022, éditions Arnaud Bizalion

霜降り Shimofuri, autoportrait, Fujiyoshida, 2015, Sandrine Elberg

霜降りShimofuri

Une partie du travail de Sandrine Elberg s’est focalisée sur la restitution de l’instant fugace. Au gré des circonstances et de ses rencontres, elle tente de capturer une forme d’évanescence, en particulier au regard de ses nombreux séjours au Japon.
(…)
Il en résulte un univers propice à la rêverie et la contemplation, un univers qui nous livre un témoignage personnel et mystérieux du Japon d’aujourd’hui, tel qu’il est marqué par les ambivalences et les contradictions.
Si le clair-obscur agit sans doute comme révélateur technique et esthétique de ces mêmes antinomies, c’est encore son rapport à l’art du haïku qui caractérise le mieux sa démarche, ainsi qu’elle l’écrit :
« J’ai associé le haïku (poème court japonais qui ne doit pas être plus long qu’une respiration) à la photographie pour mon départ sur l’archipel du Japon. Tous les deux sont liés à l’instant furtif. Mon voyage photographique et autobiographique au Japon a été inspiré et rythmé par les vers du poète japonais du XVIIe siècle, Matsuo BashŌ. […] (…) »1

Lella à la fenêtre, Paris, 1948 © Édouard Boubat la Galerie Rouge

Lella, premier grand amour du photographe Édouard Boubat.
De 1945 à 1949, il livre des images d’une grande douceur, passant de portraits classiques à des photos de détails de ses mains ou de ses cheveux.
Pourtant, c’est aussi la personnalité de Lella qui se dévoile à travers ses photos : la tête droite, c’est une certaine fierté qui transparaît. Apparaît aussi un rapport intime entre le photographe et sa muse, comme s’il cherchait à se rendre invisible pour mieux capturer sa délicatesse. Parallèle étrange entre la sensibilité de la pellicule – et celle de la femme.
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1 Extraits du texte de présentation de 霜降りShimofuri, de Sandrine Elberg.

2 Extrait de l’article de Jean-Nicolas Lehec sur l’exposition La douceur du regard, ses 10 premières années à la Galerie Rouge en 2022.

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