Du 1er au 24 décembre, chaque jour une, des fenêtres vues par les photographes.
Que l’on soit croyant ou pas, le temps de l’Avent est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Ouvrir chaque jour une, des fenêtres vers la lumière : documenter la façon dont les artistes photographes regardent les fenêtres.
Et pour l’avant-dernier jour, ouvrir une fenêtre sur l’univers d’un couple d’artistes sino-japonais qui me fascine : Rong rong et Inri ♥︎…

RongRong (Chine) et inri (Japon) collaborent depuis l’an 2000. Leur travail reflète le monde intime qu’ils ont créé ensemble et repousse les limites des techniques traditionnelles de chambre noire en noir et blanc. Leurs séries d’œuvres saluées par la critique, telles que Mt. Fuji (2001), Liulitun (1996-2003) et Tsumari Story (2012-2014), explorent leur vie commune et leur environnement, tout en témoignant des transformations rapides du monde qui les entoure.
ll est important de rappeler que la Chine a connu des transformations profondes à partir des années 1980. Les dirigeants politiques qui ont succédé à Mao Zedong ont lancé un vaste programme de réforme du pays. L’accent mis auparavant sur la pureté idéologique a été remplacé par une volonté affirmée d’atteindre la prospérité matérielle. Cette période de changements a déclenché une croissance économique rapide, un accès accru aux informations venues de l’étranger, ainsi qu’une transformation significative du tissu social et urbain.1

Ces facteurs ont encouragé les artistes à se regrouper en communautés artistiques, comme ce fut le cas dans ce qu’on appelle communément le East Village à la périphérie de Pékin. Ce lieu clé dans l’histoire de l’art contemporain en Chine a hébergé divers artistes d’avant-garde engagés dans l’art performance, tels que Zhang Huan, Li Guomin et Ma Liuming. Appartenant à cette communauté artistique, Rong Rong a documenté de nombreuses performances ainsi que la vie quotidienne des artistes. C’est en grande partie grâce à ses images que les créations éphémères de ce groupe sont connues.
Rong Rong s’est également tourné de plus en plus vers l’introspection, apparaissant lui-même devant l’objectif pour explorer diverses formes personnelles de création.1
Il a ensuite rencontré sa partenaire artistique et épouse, Inri, avec qui il a créé plusieurs séries de photographies explorant l’autobiographie tout en questionnant la relation changeante entre leur corps et leur environnement immédiat, qu’il soit naturel ou urbain.
L’environnement urbain a eu un impact particulier sur leur création, notamment après la fin officielle du East Village en 1994 à la suite d’une descente de police et d’une expulsion forcée. Rong Rong et Inri ont dû déménager dans le quartier de Liulitun, qui a malheureusement connu le même sort de démolition quelques années plus tard.1

En réaction à ces événements, ils ont créé des séries d’œuvres où ils mettent en scène leur vie quotidienne parmi les ruines. Depuis, ils ont continuellement visualisé leur environnement et ont lancé en 2007 le Three Shadows Photography Art Centre (三影堂摄影艺术中心), le premier centre indépendant de photographie en Chine, situé dans le quartier artistique de Caochangdi à Pékin.
Leur engagement pour la photographie tout au long de leur vie leur a valu le prix de la Contribution Exceptionnelle à la Photographie par la World Photography Organisation (WPO) en 2016. Ils ont également co-créé le festival Jimei x Arles en 2015 avec Sam Stourdzé, alors directeur des Rencontres d’Arles.1
