Le dit de l’image : un jour, une œuvre, un mot.
Comme une éphéméride du sensible,
une image quotidienne assortie d’un mot, d’une phrase, ou pas

Le dos à la peau soyeuse de Kikura, Christine Mathieu
«Qui donc est là, au creux du mont ?
Sous les lianes, entre les clématites ?
Regard qui se dérobe, mais grâce du sourire :
« C’est pour me trouver que vous cherchez la solitude :
Attelant mes léopards et mes chats sauvages,
Sur mon char de tilleul, aux oriflammes de cannelier,
Me faisant un voile d’orchidées, une ceinture de sorbier sauvage,
Je détache un rameau parfumé, pour l’objet de mes pensées.
Ma demeure est le fourré de bambous, qui ne laisse rien voir du ciel,
La route est difficile, j’y viens seule et tardive.
Solitude alentour, sur la cime de la montagne
Où viennent planer, mais plus bas, les nuages.
Obscurité profonde où le jour se fait nuit.
Le vent de l’est s’élève, il appelle la pluie.
Je veux vous retenir, oubliant sans souci le chemin du retour. »
K’iuh Yuên (IIIe siècle av. J.-C.), La fée des montagnes, extrait.
Plus sur le travail de Christine Mathieu, ici ;
dont on peut voir les photographies sur les cimaises de la galerie Ségolène Brosette, jusqu’au 16décembre 2017.