Noli me tangere, Ne me touche pas !,
une chronique éphémère, le temps du confinement, un exutoire en images,
chaque matin renouvelé jusqu’au seuil des jours qui verront nos mains toucher et être touchées.
Noli me tangere*, une formule qui resurgit du fond des âges et d’un texte sacré1.
Ne me touche pas !, ces mots résonnent, rebondissent comme un écho sous la voûte de nos esprits tourmentés d’une façon si saisissante aujourd’hui !

« Assez souvent les deux mains du Christ signalent, en oblique, les deux directions : l’une pointée vers le ciel, l’autre arrêtant la femme pour la retourner vers sa mission.
Mais il arrive aussi que leurs mains aillent jusqu’au toucher. Il n’est pas toujours facile d’en décider, car dans certains tableaux la superposition des plans sans profondeur nette ne permet pas de savoir si une main touche ou bien si elle est seulement au premier plan : exemplaire à cet égard est le Titien, chez qui la main droite de la femme peut être envisagée comme passant devant le linge ou bien comme frôlant celui-ci, et cela d’autant plus que Jésus est en train de rassembler ce linge contre lui comme pour protéger son corps (voire pour protéger son sexe, que recouvre déjà, tout en le soulignant, l’épizônion classique du crucifié, occurrence assez exceptionnelle dans la série des Noli). »
Jean-Luc Nancy, philosophe. Extrait de Noli me tangere, Bayard éditions, 2003.*
1 Le chapitre XX de l’Évangile de Jean, versets 11 à 18.
* Analyse du philosophe Jean-Luc Nancy pour La Croix : Comment représenter le «Noli me tangere» ?