Correspondances, hommage au divin poème de Baudelaire, et désir de partager cette joie très particulière de l’instant où surgit l’analogie. Le reflet d’une image que je découvre dans une autre dont je me souviens.

En découvrant ce matin cette image sur le site de L’Œil de la Photographie, je me souviens de l’émotion ressentie au musée d’Anvers devant ce tableau grandeur nature d’un peintre néerlandais.

Au delà du geste, du décor nu et de la sveltesse des corps, la résonance entre ces deux œuvres d’un photographe américain et d’un peintre néerlandais qu’un siècle sépare tient peut-être au fait que le peintre impressionniste avait recours à ses propres photographies comme modèles.

Je cherche à comprendre pourquoi la représentation de ce geste de relever et nouer ses cheveux devant un miroir me trouble tant.

Je m’identifie à ces images parce que j’exécute ce geste presque chaque jour.
Il est pour moi un moment d’intense intimité, comme un seuil avant d’affronter les regards extérieurs, un dernier coup d’œil au reflet dans le miroir, un instant de volupté parfois parce que les bras relevés avantagent le buste et qu’un imperceptible coulis d’air plus frais se dépose sur la nuque ; un instant de satisfaction aussi quand les doigts élaborent sans la voir une forme ronde avec les cheveux rassemblés.

Mon trouble vient de la représentation de ce moment d’intimité à travers le regard de ces deux artistes, comme une image volée ou comme si un second miroir dans la pièce permettait à une femme à sa toilette de se voir se regardant.