Correspondances, hommage au divin poème de Baudelaire, et désir de partager cette joie très particulière de l’instant où surgit l’analogie. Le reflet d’une image que je découvre dans une autre dont je me souviens.
Posture

Un bras qui se courbe comme pour enlacer l’horizon, des mains de danseuse indienne dont les doigts déliés esquissent des arabesques : paréidolie*.

« Notre posture, notre propre importance imaginée, l’illusion que l’on a d’avoir une place privilégiée dans l’univers » c’est quelque chose qui m’a toujours mis au défi,
écrit Mehran Naghshbandi.


D’un côté, une photographie de la série Les 36 vues de la petite mer où deux branches se mêlent, l’une saisie sur un rivage de l’île-aux-Moines un matin de printemps, l’autre le détail d’un paysage de Nicolaes Jacobsz van der Heck (1595– 1649), peintre hollandais de l’âge d’or, capturé sur les cimaises du musée Fabre à Montpellier.
De l’autre une photographie de la série Terre de rêves égarés de Mehran Naghshbandi où une branche jumelle se mire dans l’eau grise d’une forêt noyée de brume.
Mehran Naghshbandi est un photographe iranien, qui a grandi à Sanandaj, au Kurdistan. Il a déménagé dans le nord de l’Iran pour étudier le design industriel.
Ses œuvres révèlent la beauté qui nous entoure. Elles nous font nous demander où se trouvent ces arbres familiers, ces oiseaux en vol, cette pierre. Comment se fait-il que nous ne les ayons jamais vus auparavant ?
« Je ne suis pas très porté sur la photographie de paysage, du moins pas de la manière dont les gens ont l’habitude de la voir. Je n’ai pas besoin d’une grande cascade ou de quelque chose de saisissant pour m’émerveiller devant la nature. Je la vois dans chaque petit élément de la nature, chaque feuille, chaque fleur ou chaque arbre, et je veux les montrer tels que je les vois. »
*Paréidolie (du grec ancien παρά / pará, « à côté [de], au lieu [de] », et du nom commun εἴδωλον / eídōlon, « image, apparence, forme ») est le processus survenant sous l’effet de stimuli visuels ou auditifs, portant à reconnaître une forme familière dans un paysage, un nuage, de la fumée, une tache d’encre, etc., une voix humaine dans un bruit, ou des paroles (généralement dans sa langue) dans une chanson ou un discours prononcés dans une langue qu’on ne comprend pas.

Nathalie Beaufils
Superbe analogie ! Merci aussi de partager la philosophie artistique de ce talentueux photographe iranien.
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