Calendrier de l’avent 2023 / 24 visages #23


Du 1er au 24 décembre, chaque jour un visage .
Comme le soulignait Daniel Arasse, 
« le portrait est inévitablement une méditation sur le temps ».
Ce temps de l’avent — du latin adventus : avènement, arrivée du Messie — représente la période qui couvre les quelques semaines précédant Noël.
Que l’on soit croyant ou pas, c’est un moment particulier dans l’attente du solstice d’hiver où le mouvement repart en direction de la lumière.
Une lumière intérieure affleure dans les regards de ces 24 visages choisis dans l’histoire ancienne et contemporaine de la peinture et de la photographie, parce qu’ils m’ont émue, fascinée, captée.


Œuvre phare de l’exposition Naples à Paris — que l’on peut voir au musée du Louvre jusqu’au 8 janvier prochain ou plus tard au merveilleux musée du Capodimonte à Naples — ce mystérieux portrait mérite vraiment de s’y arrêter un long moment. D’autant plus que l’exposition mêlant, dans la grande galerie du Louvre, les toiles venues de Naples à d’autres œuvres pour les faire dialoguer, le public présent est plutôt le flot habituel arpentant LA grande galerie et l’on a tout loisir d’être l’unique regardeur de la dame à la zibeline ;-).
Je l’avais vue et revue sur tous les supports papier et numérique annonçant l’exposition mais la présence physique de l’œuvre, quand on la chance de pouvoir en faire l’expérience, n’a rien à voir avec celle d’une reproduction. Surtout pour cette œuvre qui exhale des secrets et allusions romanesques non élucidées.

Portrait de jeune femme, dit aussi « Antea ». 1524 –1527, Francesco Mazzola, dit « Il Parmigianino » (1503-1540), huile sur toile, 136 X 86 cm, Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte

Cette « jeune femme au visage un peu figé […] [au] regard intense et grave […] se distingue d’abord par l’opulence de son vêtement : amples manches de sa robe en satin jaune d’or fileté d’argent, corsage court ou robe de dessous, la sottana, en tissu chatoyant, manchettes damassées, léger tablier brodé d’entrelacs et de végétaux, bijoux délicats et précieux. On aperçoit une partie de son sein gauche, tandis que ses doigts effilés se glissent gracieusement dans les mailles de son collier. »1

Portrait de jeune femme, dit aussi « Antea ». 1524 –1527, détail, Francesco Mazzola, dit « Il Parmigianino » (1503-1540), huile sur toile, 136 X 86 cm, Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte

« […] L’épaule droite de la jeune fille, à l’évidence disproportionnée, porte une large étole de zibeline. Mais s’agit-il seulement d’une fourrure ? L’étole s’étire en longueur et la tête de l’animal aux yeux brillants vient mordre la main gantée de ses dents acérées. Le réalisme est souligné par la chaînette qui semble maîtriser le petit fauve. On ne voit plus désormais que le contraste entre les deux mains, un terrible contraste, qui semble cacher un lourd secret..»1

Portrait de jeune femme, dit aussi « Antea ». 1524 –1527, détail, Francesco Mazzola, dit « Il Parmigianino » (1503-1540), huile sur toile, 136 X 86 cm, Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte

« Nous ne savons pas qui était cette jeune femme. La fille de Parmigiano ? Sa maîtresse ? Une célèbre courtisane romaine nommée Antea  qui a inspiré le titre du tableau ? Ou encore une mariée du nord de l’Italie ? Cette dernière hypothèse pourrait être confortée par la présence du zinale, ce léger tablier blanc qui recouvre le ventre de la jeune femme. Il était traditionnellement porté par les jeunes mariées le jour de leurs noces en signe de leur virginité. »1

« Comme c’était chose courante chez les artistes au cours de cette période, Parmigianino a emprunté au tableau des éléments qui ont été réemployés dans des œuvres plus tardives. En particulier, le visage d’Antea réapparaît dans l’un des anges qui accompagnent le groupe de la figure centrale de La Madone au long cou [le visage à gauche de la main de la Vierge]. »2

La Madone au long cou. vers 1534-1535, détail, Francesco Mazzola, dit « Il Parmigianino » (1503-1540), huile sur bois, 216 × 132 cm, Florence, Galerie des Offices

Ces œuvres illustrent « les distorsions anatomiques et l’émotivité en suspens qui caractérisent Parmigianino. »2
Le portrait de Naples témoigne « […] des expérimentations optiques excentriques que Parmigianino a déjà pratiqué dans son Autoportrait dans un miroir convexe. »2

Autoportrait dans un miroir convexe, vers 1523, Francesco Mazzola, dit « Il Parmigianino » (1503-1540), Huile sur panneau convexe, 24,4 × 24,4 cm, musée d’Histoire de l’art de Vienne


1 Extrait de Mystérieuse Antea, présentation de l’œuvre sur le site du musée du Louvre.
2 Extraits de l’article de Wikipédia sur Antea

2 réponses sur « Calendrier de l’avent 2023 / 24 visages #23 »

Laisser un commentaire