Calendrier de l’Avent 2025 / 24 Horizons jour 11


Ouvrir chaque jour une, des fenêtres vers les lointains : documenter la façon dont les artistes et en particulier les photographes nous saisissent cherchant des yeux l‘horizon.


Et si…
Et si l’horizon, cette ligne imaginaire où le ciel et la mer semblent se toucher, ce paysage embrassé par le regard devait sa profondeur à « la rencontre du Temps et du Beau » ?

Atlantic Hotel, chambre 301, Les Sables-d’Olonne, 24 décembre 1984 –
Denis Roche1 (1937-2015), Les Douches galerie

« Je crois à la montée des circonstances.
Je crois que la photo est empreinte de profondeur et que cette profondeur est dûe à la rencontre du Temps et du Beau. Juste avant la prise photographique, c’est le Temps qui règne, juste après, c’est la Beauté qui a lieu.
Esthétique et temporalité batifolent dans une sorte de paysage mental, un no man’s land presque calme où passeraient peut-être des gens, mais ce n’est pas sûr, en tout cas des images de gens.
Je crois que l’art photographique consiste à mettre au jour, au bon moment, la montée des circonstances qui président à la prise de vue en même temps que les facteurs qui organiseront cette rencontre si mémorable du Temps et du Beau.
Enfin, je crois que raconter les circonstances qui précèdent l’acte photographique lui-même est précisément le seul commentaire esthétique réel qu’on puisse apporter à l’image qui suivra.
En d’autres termes, la photo c’est ce qui précède, c’est ce qui préside.»2


1 Photographe du temps qui s’écoule, du temps arrêté, de l’éphémère et de la disparition, Denis Roche fut d’abord une figure majeure et radicale de l’avant-garde poétique des années 1960-1970, avant de devenir éditeur et directeur de collection. On lui doit notamment la création de Fiction & Cie, au Seuil, qui révéla bon nombre d’écrivains contemporains français et étrangers.
En 1980, il fonda également avec ses compères Gilles Mora, Bernard Plossu, Jean-Claude Lemagny et Claude Nori Les Cahiers de la photographie. 
Se servant de dispositifs tels que le livre, mais aussi le boîtier photographique et le miroir, voire les deux à la fois, jouant des reflets, pratiquant l’autoportrait au retardateur, pour lui laisser le temps, disait-il, d’entrer dans la photo, ne cessant de cadrer ou de décadrer le visage et le corps de Françoise, sa compagne et sa complice, à ses côtés ou sans lui, Denis Roche croyait, écrivait-il dans Ellipse et laps, (Maeght éditeur, 1991), « à la montée des circonstances (…) ».

2 Extrait de l’entretien entre Denis Roche et Jacques Henric, J’écris donc je photographie, p. 41/42, publié dans Denis Roche, Les Grands Entretiens d’Art Press. Paris, IMEC Éditeur, 2014

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