Ce portrait de profil est celui de Sigismondo Malatesta (1417-1468), seigneur de Rimini et l’un des Condottières les plus brillants de son temps. Humaniste, grand protecteur des arts, des savants et des bâtisseurs.
C’est l’œuvre de Piero della Francesca (vers 1422-1492) dont le langage est l’un des plus personnels du Quattrocento. Grand peintre, il avait aussi une connaissance profonde des règles mathématiques -formulées dans ses deux traités- qui régissent la construction d’un univers idéal.

Portrait de Sigismond Malatesta, Piero della Francesca (vers1422-1492), Tempera & huile sur bois, H. 44 cm – l. 34 cm, Musée du Louvre

L’association de contraires, géométrisation des formes et rigidité  de l’attitude alliés à une densité plastique d’une grande puissance expressive, crée une image très étrange, déroutante.

La posture empesée, inspirée de l’art de la médaille, l’épaule, strictement de profil, selon les normes d’une vision en perspective, bien que figurée en raccourci, le cou puissamment modelé à la manière d’une colonne, la ligne des cheveux, qui suit exactement la diagonale du tableau.
Mais aussi une sublimation des tons par la lumière, une perfection dans le rendu des carnations, un modelé  subtil, des effets de transparence (la chair sous l’ombre bleutée de la joue rasée) et cette précision dans les touches lumineuses (le fil de lumière sous le menton).

L’analyse de la matière picturale a montré que par endroits Piero avait mêlé de l’huile à l’œuf, liant traditionnel de la peinture italienne de l’époque. C’est grâce à cette technique, inspirée des peintres flamands, qu’il crée l’illusion de vie qui se dégage malgré tout du portrait.