Résonances#5

Résonance, subst. fém., au sens figuré, ce qui fait vibrer l’esprit ou le cœur.    

Dans les pas du soir qui vient, ce moment suspendu entre couchant et obscurité, où toute forme solide devient une ombre. Où l’eau et l’air se teintent de mauve.

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Trois arbres, décembre 2016, Île-aux-moines

Je m’arrête pour photographier ces trois sentinelles. Elles font surgir pêle-mêle l’image des Trois brigands de Tomi Ungerer¹, celle d’Héra, Athéna et Aphrodite sur un vase grec à figures noires² et celle des trois arbres du Soleil embrumé d’Alphonse Osbert.

C’est dans cette dernière que prend corps ma Résonance#5. J’y retrouve l’étonnante présence des trois silhouettes comme dans le “temple-nature” des Correspondances de Baudelaire « où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ; l’homme y passe à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers.»

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Le soleil embrumé, Vichy, 1922, Alphonse Osbert (1857-1939), Huile sur carton, 17,5 x 18,5 cm, détail, Musée d’Orsay Paris.

C’est bien de Symbolisme qu’il s’agit dans ce paysage vaporeux d’Alphonse Osbert. Ce peintre français, naturaliste à ses débuts après sa formation à l’École des beaux-arts de Paris, se rapproche vers la fin des années 1880 du salon des indépendants — fondé par Georges Seurat. Il y rencontre Maurice Denis et surtout Puvis de Chavannes à qui il voue une grande admiration.

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Le soleil embrumé, Vichy, 1922, Alphonse Osbert (1857-1939), Huile sur carton, 17,5 x 18,5 cm, Musée d’Orsay, Paris.

Son esthétique devient proche de celle prônée par l’écrivain et occultiste Joseph Péladan —le retour de l’idéalisme dans l’art. Osbert participe au salon de la Rose-croix et fréquente Stéphane Mallarmé. Il devient un peintre symboliste important, connaît de grands succès et des commandes d’État³.  Le musée d’Orsay conserve 414 toiles et esquisses et trois pastels de l’artiste, légués en 1992 par sa fille.

Dans les œuvres d’Alphonse Osbert, des femmes songeuses et vêtues à l’antique, méditent dans le silence de l’aube ou la tombée du jour d’une nature idéale.

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Mélancolie du soir, 1926, Alphonse Osbert, Huile sur bois, 40,5 x 53 cm, Musée d’Orsay, Paris.

Je lis dans un dossier très complet de l’Encyclopédie Larousse que «le terme Symbolisme définit, dans la seconde moitié du XIXe s., les tendances artistiques idéalistes qui se développent en opposition au positivisme scientifique et au naturalisme bourgeois. (…) Cette localisation historique du terme correspond d’ailleurs exactement à son apparition dans la littérature, au moment où théoriciens et poètes le créent pour expliquer leurs rêves et leurs recherches. Parmi eux, Baudelaire fut le premier à tenter une exploration des profondeurs de l’âme humaine.»

C’est sans doute pourquoi ces vers des Fleurs du mal me sont revenus spontanément en mémoire en rêvant devant cette oeuvre d’Osbert….

 


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1 Les Trois brigands, écrit et illustré par Tomi Ungerer, éditions l’école des loisirs
2 amphore_-_le_jugement_de_pa%cc%82ris_face_aFace A d’une amphore attique à figures noires représentant le jugement de Pâris, peintre de Londres B76, VIe siècle avant J.-C.— Musée des Beaux-Arts de Lyon
3  Notamment la décoration du Hall du Centre thermal des Dômes de Vichy en 1902

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