C’EST MOI QUI SOULIGNE
Clin d’œil au merveilleux roman de Nina Berberova, et un titre qui parle de lui-même pour une nouvelle série. Je lis, je souligne…une phrase pour l’idée qu’elle porte et qui me transporte, parfois juste une expression pour sa pertinence, un mot pour son chatoiement.
Un aide-mémoire autant qu’un désir de partager mon enthousiasme pour un livre avec ceux qui me suivent. Et le plaisir d’accompagner ce florilège d’images qui me semblent seyantes.
« Écrire un texte sur Cézanne est une tâche ardue. De si nombreuses études, de si nombreux essais ont été consacrés à l’homme et à l’œuvre, qu’il est difficile de ne pas répéter ce qui a déjà été dit. (…) je vous entretiendrai (…) de l’aventure spirituelle de Cézanne. Et pour vous parler de cette aventure, il m’a paru intéressant de montrer qu’elle était assez semblable dans son essence, à celle qu’a vécue Shitao, un peintre chinois du dix-septième siècle».
Ainsi commence ce tout petit livre de Charles Juliet, «écrivain à l’œuvre intime et épurée, homme discret et éclectique, à l’écoute de l’être et attentif aux autres ».
C’EST MOI QUI SOULIGNE / SHITAO ET CÉZANNE
Extraits de la page 15
« De Cézanne encore :
– « Si le peintre sent juste, il pensera juste. »
Mais que veut dire : savoir voir ? Sentir juste ?
Si par exemple nous regardons un visage, il y a de fortes chances pour que nous n’en ayons pas une perception exacte. Car en le regardant, nous projetons sur lui une grande part de ce qui s’agite en nous.»

Portrait de jeune femme, IIe siècle après J.-C., bois de cèdre peint à l’encaustique et doré, 24 x 42 cm, Paris, musée du Louvre.
« Autrement dit, nous voyons en fonction de ce que nous sommes, de ce qui nous habite. Et la sensation qui naît de ce que notre regard nous livre, sera donc viciée en son origine par cette vision faussée de la réalité.»

Modèle assis sur le canapé, 1924-26, Edvard Munch (1863-1944), Oslo, musée Munch