Le dit de l’image,
comme une éphéméride du sensible,
une image choisie ou un collage créé
qui inspirent une phrase ou plus…

Quand la tête lourde de souvenirs fragmentaires d’un autre temps pèse comme un ostensoir sur les épaules frêles d’une très jeune fille vivant dans une cité d’abris de fortune à la périphérie d’Oklahoma City.
La photographie arrête le temps, ici sur un corps éprouvé par la grande dépression américaine des années 30, là sur un visage peint à fresque dans une chapelle italienne au milieu du XVe siècle, l’un et l’autre pulvérisés par la violence des guerres économique et mondiale.

Comme l’enfant photographiée par Dorothea Lange en 1936*, Andrea Mantegna est très jeune lorsqu’en 1448 le Marquis de Mantoue lui commande des fresques pour la chapelle Ovetari (en Lombardie).
Cinq siècles plus tard, 11 mars 1944, ce sont des bombardements américains qui détruisent partiellement cette chapelle dont les fresques vont devenir des milliers de fragments.

Dans les années 2000, les avancées de l’informatique permettent la reconstitution partielle du plus grand puzzle de l’histoire de l’art. La manipulation des bouts de fresques est remplacée par un algorithme. S’appuyant sur des clichés d’avant guerre en nuances de gris à l’échelle 1, ce dernier étudie dans toutes les positions possibles chaque fragment précédemment photographié, numéroté et numérisé.

BAM-268-O-06, juillet 2020

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BAM-268-O-06 n’est pas le nom d’une nouvelle étoile mais le numéro 268, octobre 2006 de ma collection (complète) de Beaux Arts magazine. Survivante de plus de six déménagements, elle attendait sagement que je me décide à lui donner une seconde vie. C’est le travail que j’ai entrepris : prendre un numéro au hasard, découper en suivant mon intuition, créer un collage puis écrire un texte à partir de cette image.