Le dit de l’image,
comme une éphéméride du sensible,
une ou des images choisies ou créées
qui appellent des mots, ou l’inverse…

Choses qui ne servent plus à rien,
mais qui rappellent le passé
Une natte à fleurs, vieille, et dont les bords usés sont en
lambeaux.
Un paravent dont le papier, orné d’une peinture chinoise,
est abîmé.
Un pin desséché, auquel s’accroche la glycine.
Une jupe d’apparat blanche, dont les dessins imprimés, bleu
foncé, ont changé de couleur.
Un peintre dont la vue s’obscurcit.
Le rideau usé d’un écran.
Un store à tête dont le bord supérieur n’est plus recouvert.
De faux cheveux, longs de sept pieds, qui rougissent.
Un tissu couleur de vigne, teint à la cendre, dont la couleur
s’altère.
Un homme qui fut autrefois le héros élégant de nombreuses
aventures amoureuses, maintenant vieux et décrépit.
Dans le jardin d’une jolie maison, un incendie a brûlé les
arbres. L’étang avait d’abord gardé son aspect primitif ; mais il
a été envahi par les lentilles d’eau, les herbes aquatiques.
Sei Shônagon1, Notes de chevet, Connaissance de l’Orient, Gallimard / Unesco, page 210
1 Sei Shônagon, autrice des Notes de chevet, l’un des deux chefs-d’œuvre de la littérature japonaise de l’époque de Heian (IXe – XIIe siècles), est une femme de lettres japonaise née en 965.
* Longtemps après que, © Barbara Sabaté Montoriol, Collage marouflé sur papier de riz : détail en niveau de gris de Nu de dos (toilette du matin), Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853) — une huile sur toile conservée à Copenhague, à la Hirschsprung Collection — & Hotel Petra #6, Beirut, Lebanon, 2010, Photographie de Robert Polidori (canadien, né en 1951).