Le dit de l’image,
comme une éphéméride du sensible,
une ou des images choisies ou créées
qui appellent des mots, ou l’inverse…

« Le grec, langue riche, dispose de trois termes pour désigner le miroir, permettant ainsi d’indiquer soit la direction du regard ou du rayon (εἴσοπτρον – eísoptron), soit la localisation sans mouvement (ἔνοπτρον – énoptron), soit le face à face (κάτοπτρον – kátoptron). Le latin, langue pauvre, n’a qu’un mot, speculum, pour caractériser toute reproduction fidèle et complète allant jusqu’à désigner l’ensemble des connaissances qui concernent un sujet souvent encyclopédique. Il use donc de termes voisins afin d’enrichir le symbolisme : specula (poste d’observation), specular (fenêtre vitrée), speculari, speculatio, et même species. Ainsi naît un jeu verbal au pouvoir accru. »1

Au milieu du XIIIe siècle, Saint Thomas déploie le champ sémique qui va de speculum à speculatio. Il évoque la famille des termes species, specialis, specificitas, (…). Dans la species, différente de l’imago, le matériel s’inscrit en immatériel et s’imprime dans l’intellect. Species désigne la beauté de l’aspect, speciosus est la belle apparence qui ensuite va se dénaturer en ce qui n’a de beau que l’apparence. Spéculer, c’est produire une réflexion de l’avenir au miroir de l’intellect. »1
*La grâce spéculaire, © Barbara Sabaté Montoriol, Collage sur papier vietnamien : Détail en niveau de gris de la Vénus au miroir du Titien (1489-1576) — une huile sur toile de 131 x 93,5 cm, conservée à Washington, à la National Gallery of Art — & collage sur une enveloppe rapportée du Vietnam par ma cousine Caroline, il y a longtemps.
1 Extrait de La symbolique du miroir et la tradition platonicienne, 2007, Huguette Courtès, Agrégée de Philosophie, Docteur d’Etat, Professeur émérite à l’Université Paul Valéry (Montpellier III).