Et ta sœur ? #28

Une déambulation iconographique autour des sœurs qui vont par deux dans l’histoire de l’art…pour explorer ce lien si puissant, gracile et léger. Indispensable.

enlightenment © Evelyn Bencicova (née à Bratislava en 1992)*

« Les fratries restent une terre assez inexplorée et les relations entre sœurs plus encore. La Bible, la mythologie, la littérature, l’histoire de l’art, regorgent d’histoires de frères. De sœurs, beaucoup moins. Sans doute un autre domaine où le deuxième sexe doit trouver sa place. On les trouve dans les figures sacrificielles, telle Antigone, et souvent dévouées à leurs frères.
(…)
Pourquoi si peu de recherches sur les fratries comme sujet d’étude principal ? L’anthropologue Agnès Fine, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, avance que la sociologie ignore les fratries parce qu’elles « ne constituent pas un problème social en tant que tel, à l’inverse des questions de filiation (paternité, maternité, adoption), ou d’alliance (mariage, pacs, divorce) qui interpellent directement les services sociaux ».
(…)
La psychiatre Sylvie Angel, spécialisée dans les thérapies familiales, souligne elle aussi qu’il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour voir apparaître les premiers travaux sur les fratries. Pourtant, écrit-elle, « la relation fraternelle représente une expérience fondamentale de l’organisation psychique ». Amour, rivalité, apprentissage de la différence, tout ce qui construit l’identité s’expérimente dans la fratrie. »

Extraits de Frères et sœurs, secrets de familles, un article de Béatrice Gurrey, publié dans Le Monde du 12 juillet 2008


* Plus sur la photographe Evelyn Bencicova, ici et encore

2 réponses sur « Et ta sœur ? #28 »

  1. Joséphine Lanesem

    Alfred Adler, un disciple de Freud qui s’est distancié du maître, a fait de la fratrie un des piliers de sa pensée dès le début du XXe siècle. C’était l’un de ses principaux reproches envers son prédécesseur : il trouvait que Freud oubliait l’importance des frères et soeurs et de la place au sein la fratrie (aîné, cadet, etc. mais aussi premier, deuxième ou troisième fils ou fille) dans la formation de la psyché. D’après lui, Freud étant un fils aîné adoré par sa mère pouvait oublier ceux qui venaient après, mais pas lui, Adler, cadet parmi six frères. Ces dynamiques importaient d’autant plus à l’époque, quand les fratries étaient si nombreuses. Je ne l’ai pas lu Adler directement et je ne sais pas ce que vaut sa théorie, mais je souhaite simplement rappeler que cette réflexion n’est pas absente de la pensée jusqu’à la fin du XXe siècle. De même pour la littérature : et les quatre filles du docteur March ? Le thème n’est certes pas dominant, mais il est d’autant plus important d’en saluer les précurseurs ! Il est aussi très présent dans les contes et la culture populaire – les trois ou quatre frères fils du roi des contes, en rivalité pour la couronne, la légende maudite de la septième soeur en Sardaigne (elle serait une sorcière), etc. Je crois que la psychanalyse et le structuralisme ont eu tendance à occulter cette dimension dans la pensée du XXe siècle en se focalisant sur le rapport parents-enfants ou entre conjoints et en se fondant sur les normes écrites des sociétés davantage que sur leur vécu.
    Et l’image est très belle comme toujours. 🙂

    Aimé par 1 personne

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