Une tradition détournée, une petite étude de la représentation des attitudes des mains des femmes par les artistes.
Une série d’ex-voto de gestes, de ces mains féminines touchantes et touchées.

Je commence aujourd’hui cette petite étude de la façon dont les peintres, les photographes et les sculpteurs représentent les attitudes des mains des femmes, cette série d’ex-voto de gestes, de ces mains féminines touchantes et touchées en prenant l’expression « ex-voto » au pied de la lettre.
Demander une grâce pour les mains qui souffrent, et rendre grâce pour cet « outil » merveilleux, aux possibilités infinies.
Le mot latin « ex-voto » est la traduction de « selon le vœux fait ».
Un ex-voto est une offrande matérielle faite à un dieu en demande d’une grâce ou en remerciement d’une grâce obtenue.
Les ex-voto étaient offerts et déposés sur les lieux de culte. Ces objets pouvaient prendre de multiples formes et, pour une partie d’entre eux, une forme anatomique représentant la partie du corps malade et guérie.

Les sujets attestés les plus anciens ont été crées dans les civilisations égyptienne et mésopotamienne.
Les premiers dépôts votifs sont localisés à Chypre aux environs du Ier millénaire av. J.-C., en droite filiation, semble-t-il, de l’usage qu’en firent les Grecs, les Étrusques et le monde romain qui usèrent abondamment de l’ex-voto.

À l’instar de l’amulette ou de l’offrande, le mot « ex-voto » fait aussitôt surgir toute une kyrielle d’objets hétérogènes dont la destinée votive n’a rien d’évident. Parce que ce type d’objet est né de la dévotion populaire, nul dogme n’encadre ni la pratique ni la forme de l’ex-voto.
Parce qu’elle se définit comme un pacte, la pratique votive sous-tend l’offrande d’un don générant un contre-don, une promesse accomplie en échange du miracle accordé.
En effet, l’ex-voto tel qu’il est utilisé depuis l’Antiquité entre dans la catégorie des « actes générateurs d’obligations », en même temps qu’il revêt une valeur probatoire de l’intervention divine puisqu’il atteste la réalisation du miracle obtenu.

C’est cette dimension probatoire que l’Église a choisie de privilégier en acceptant de l’exposer dès le Moyen Âge, et ce à des fins évangélisatrices, mais aussi pécuniaires, car l’exposition des ex-voto permet de favoriser le flux de pèlerins vers des sanctuaires réputés miraculeux.

Cependant, et malgré son extraordinaire survie au fil des siècles, l’origine « païenne » de l’ex-voto n’a cessé de le faire percevoir comme « une pratique non cléricale ». Ainsi, l’exposition de l’ex-voto dans un lieu catholique ne va pas de soi et révèle aujourd’hui encore de la part de l’Église une attitude qui oscille entre la concession et l’intégration.