Une tradition détournée, une petite étude de la représentation des attitudes des mains des femmes par les artistes.
Une série d’ex-voto de gestes, de ces mains féminines touchantes et touchées.

Ajuster le minuscule fermoir du pendant d’oreille sur la pointe d’or qui traverse le lobe, la grâce de ce geste de la main reflété dans le miroir, mon beau miroir, dis-moi qui …
Dans le conte Blanche-Neige des frères Grimm, le Miroir magique est incapable de mentir. Tout autre est le miroir qui renvoie une image fabriquée par l’injonction à se conformer aux critères de beauté d’une société soucieuse des apparences où l’on n’existe que par et pour le regard de l’autre.


« Quel est l’objet tel qu’en le regardant nous nous voyons nous-mêmes tout en le voyant ? » demande Socrate à Alcibiade, qui résout sans peine la devinette : « Il est clair que c’est un miroir, Socrate, ou quelque chose de ce genre. » 1

Dans l’antiquité, c’est un métal poli qui servait de miroir. Au cours du moyen âge, vers le XIIIe siècle, on fixe, sur une surface convexe, des feuilles d’étain derrière des plaques de verre, ce qui donne une image déformée. Puis, au XIVe siècle, on procède à l’étamage des glaces avec un mélange de mercure et d’étain.

Ce n’est pas seulement l’ordre de sa coiffure que l’on observe dans le miroir mais aussi celui de ses pensées, pour mieux les contrôler et mieux se connaître, et garder toujours un regard vers l’arrière pour ne pas se précipiter en avant.

« Allons, Kitty, si tu veux bien m’écouter, au lieu de bavarder sans arrêt,
— dit Alice à son chat —
je vais te dire tout ce que je pense de la Maison du Miroir. D’abord, il y a la pièce que tu peux voir dans le Miroir… Elle est exactement pareille à notre salon, mais les choses sont en sens inverse. Je peux la voir tout entière quand je grimpe sur une chaise… (…) Tiens, tu vois, les livres ressemblent pas mal à nos livres, mais les mots sont à l’envers ; je le sais bien parce que j’ai tenu une fois un de nos livres devant le miroir, et, quand on fait ça, ils tiennent aussi un livre dans l’autre pièce. (…) Oh ! Kitty ! ce serait merveilleux si on pouvait entrer dans la Maison du Miroir ! Faisons semblant de pouvoir y entrer, d’une façon ou d’une autre.(…) »2

Comme j’aime la possibilité de me réfugier un moment de l’autre côté du miroir, dans un monde imaginaire, au-delà de l’apparence !
1 Jean-Pierre Vernant, Dans l’œil du miroir, p.163
2 Lewis Carroll, De l’autre côté du miroir, p.7