Une tradition détournée, une petite étude de la représentation des attitudes des mains des femmes par les artistes.
Une série d’ex-voto de gestes, de ces mains féminines touchantes et touchées.

Les mains d’Aphrodite pour les anciens grecs, Vénus pour les romains, cachent son sein que l’on ne saurait voir ou essore ses longs cheveux perlés des eaux dont elle naît.
La Vénus sortie des eaux ou Vénus anadyomène est un thème iconographique de la peinture occidentale, issu de la mythologie gréco-romaine.

L’adjectif anadyomène est un emprunt au latin anadyomene, substantif lui-même emprunté au grec ἀναδυομένη, désignant Vénus sortant de l’eau, et participe présent de ἀναδύομαι.
L’épithète faisait référence à la légende transmise par Hésiode1 dans sa Théogonie à propos de la naissance d’Aphrodite, qui aurait émergé de l’écume de la mer.

la Theogonie d’Hésiode, poème qui raconte sur le mode généalogique l’histoire de l’univers divin jusqu’à l’établissement du royaume de Zeus, livre le récit le plus ancien et le plus détaillé de la naissance d’Aphrodite.

Selon Hésiode, aux origines de l’univers il y a Chaos, Abîme, suivi de Gaia, Terre, et d’Éros. De Chaos naissent ensuite Érèbe et Nuit, qui s’unissent pour engendrer Éther et Jour.
Gaia tire d’elle-même Ouranos, son égal, pour qu’il la recouvre tout autour, ensuite elle engendre les Monts, c’est-à-dire ses reliefs, et Pontos, la mer bouillonnante dans ses creux.

Unie à Ouranos, Gaia engendre les futurs Titans, mais aussi les Cyclopes et les Cent-Bras. Ces fils redoutables sont haïs par leur père qui les repousse dès la naissance dans les entrailles de leur mère.
Kronos, le plus redoutable de ces fils, animé à l’égard du père de la même haine qu’Ouranos voue à ses enfants, accepte de réaliser le plan que Gaia, oppressée et gémissante, propose afin de punir Ouranos et mettre un terme à ses œuvres indignes.

Caché en embuscade et armé de la monstrueuse serpe fabriquée par Gaia, Kronos attend le bon moment pour lever la main sur son père. Avec la nuit Ouranos approche, poussé par le désir de s’unir à Gaia, et se déploie sur elle de tout côté.

C’est à ce moment que Kronos sort de sa cachette et tranche, à l’aide de la serpe, les parties génitales d’Ouranos. Les gouttes du sang d’Ouranos tombent sur la terre et la fécondent, donnant naissance par la suite aux Érinyes, puissances censées punir les crimes contre les proches, aux Nymphes Méliennes et aux Géants, puissances liées aux armes et à la guerre.

Des parties génitales, jetées par Kronos dans la mer et transportées au large pour longtemps, une blanche écume sort et, à l’intérieur de cette écume, une jeune fille prend corps.

huile sur toile, 187 x 208 cm, Madrid, musée du Prado
Laissant Cythère derrière elle, ce n’est qu’à Chypre que la belle déesse pose pied à terre, et voilà l’herbe tendre qui se met à pousser. Les dieux et les hommes appellent cette déesse Aphrodite, parce qu’elle s’est formée dans l’écume.

huile sur toile, 105,4 x 81,3 cm, USA, Fort Worth (TX), Kimbell Museum
Accompagnée d’Éros et suivie d’Himéros, autre déclinaison divine du désir, Aphrodite, aussitôt née, rejoint la communauté des dieux immortels pour se voir attribuer sa part d’honneur : le lot qui est le sien, parmi les humains comme parmi les dieux immortels, comprend les armes de la séduction et l’union intime.
1Hésiode (en grec ancien Ἡσίοδος / Hêsíodos, en latin Hesiodus) est un poète grec qui aurait vécu à la fin du VIIIe ou au début du VIIe siècle av. J.-C