Froid samedi de décembre, déambulation au Musée du Louvre, saisie par la vue de cet homme endormi. Je le photographiai, mi-embarrassée par l’intrusion dans l’intimité du sommeil de l’inconnu, mi-émerveillée par l’évocation que sa posture généra, l’image du Mahâparinirvâna du Bouddha couché.
Mahâparinirvâna, la grande Totale Extinction. Au cours de la dernière veille de la nuit, le Bouddha parcourut tout un cycle de méditations l’amenant, par paliers successifs, jusqu’au «domaine de la cessation de la conscience et du sentiment» ; «immédiatement après il s’éteignit».(1)
Comme approchait la troisième veille de la nuit, le Bouddha demanda par trois fois à ses disciples s’ils avaient encore des questions à poser sur ses enseignements ou sur les règles de discipline. Devant leur silence, il prononça la célèbre exhortation « L’impermanence est inhérente à toutes choses. Travaillez à votre propre liberté avec diligence ». Ensuite, passant par les différents états d’absorption méditative, Shakyamouni entra en Mahâparinirvâna. La terre trembla, des étoiles filantes traversèrent le ciel, le ciel s’enflamma dans les dix directions et une musique céleste emplit l’espace. (2)

Sutra du Mahâparinirvâna, Calligraphie chinoise de la dynastie des Tang (618-907), encre sur papier, Indianapolis Museum of art, MIchigan, USA.
Toute à ma rêverie, quelques pas plus loin je me retournai, l’homme avait disparu.
(1) La sagesse du Bouddha, coll. Découvertes Gallimard, p.106.
(2) Kusinagar, le lieu où le Buddha atteint le Parinirvana, Site de Matthieu Ricard Moine bouddhiste, photographe et auteur.