Le dit de l’Avent #7 — Le caché révélé

Le détail de Joseph est issu d’une Nativité, peinte vers 1450 par Petrus Christus (actif entre 1444 et 1475-76). Une huile sur bois de 127,6 x 94,9 cm, conservée à Washington, à la National Gallery of Art.

Seules quelques bribes de la vie de Petrus Christus sont connues. En 1444, un document atteste qu’il acquiert le statut de bourgeois de la ville de Bruges afin de pouvoir y exercer le métier de peintre. Il appartient dès lors à l’élite brugeoise et il est reconnu comme un artiste d’exception.
Petrus Christus est sans doute le peintre flamand le plus proche de Jan Van Eyck (1390-1441), qui fut son maître.

Il y aurait tant à dire sur cette œuvre fascinante, le dernier des quatre tableaux que Petrus Christus a réalisé sur ce thème. Quelques points qui interpellent :

En premier lieu, on remarque la présence d’un portail gothique en plein cintre qui encadre la scène intérieure. Il est là pour créer un seuil entre le spectateur et l’espace où se déroule la scène. On peut lire une explication détaillée de cette partie de l’œuvre ici.

Pour figurer les anges agenouillés Petrus Christus utilise ce que l’on appelle la perspective signifiante, dans laquelle les personnages adoptent la taille de leur importance en dignité. Employée dans les peintures médiévale et byzantine, elle est progressivement abandonnée à la Renaissance.

Marie et Joseph sont habillés à la mode brugeoise du XVe siècle, tous deux dans une contemplation paisible et douce de l’enfant Jésus. Mais un détail attire particulièrement mon attention au premier plan du tableau. Si l’on regarde bien, Joseph est en chaussettes ! Ses chaussures sont posées au sol devant lui.
Je lis que les chaussures aux pieds de Joseph peuvent être vues comme une allusion au chapitre 3.5 de l’Exode quand Dieu dit à Moïse : « N’approche pas d’ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. »
Cela ne suffit pas à dissiper mon trouble quand je me souviens que ce sont les mêmes étranges socques en bois qui sont au sol devant les pieds de l’époux dans le célèbre tableau du maître de Petrus Christus : Les Époux Arnolfini  de Jan Van Eyck. *


* Des chaussures d’intérieur, destinées à la sphère privée sur la présence desquelles le grand historien de l’art Erwin Panofsky (1882-1968) s’est appuyé pour élaborer sa thèse d’une cérémonie de mariage privée dans le tableau de Van Eyck.

> Les Époux Arnolfini, est une huile sur panneau de chêne de 82 x 60 cm, peinte par Jan Van Eyck en 1434 et conservée à Londres, à la National Gallery.


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