Le dit de l’Avent #16

Le dit de l’Avent, focus sur un détail de la Nativité…

Chaque jour de l’Avent, ou presque…, un regard ludique et didactique sur l’un des thèmes les plus évoqués dans la peinture occidentale depuis le IIIe siècle. L’œuvre d’où est extrait le détail est à découvrir… demain 😉

À première vue, cette Vierge orante aux yeux baissés vers son enfant semble assez générique, presque un archétype de la figuration de Marie dans la peinture occidentale à partir de la Renaissance.

Mais la vérité d’une image ne se livre pas au premier regard. Une observation lente et attentive met au jour de subtiles touches dont la découverte progressive génère une émotion très particulière, proche de celle de l’archéologue qui devine, espère et invente la rondeur d’une joue d’albâtre sous sa main déblayant une dernière couche de terre.

En examinant de tout près l’étoffe bleu de cobalt du manteau qui drape l’épaule gauche de Marie, je devine les ombres colorées de verts dans les plis creusés, et les touches légères d’orpiment sur le bombé de l’épaule, là où rebondit la lumière du jour.
J’admire les brisures de feuille d’or qui ourlent tout le vêtement de la Vierge en motif pointillé, qui dessinent une étoile tombée du ciel, suggérant peut-être que le tissus lui-même serait tissé d’azur céleste, et encore des gouttes de pluie et de mystérieuses flèches ondulantes indiquant le zénith.
Mais il manquait quelque chose pour déchiffrer la sensation diffuse de voir un être de lumière. Après une longue contemplation en très gros plan sur le site de la National Gallery de Washington — promis, lecteur, je vous communique lien demain 😉 —j’ai soudain réalisé que tout le contour de la silhouette de Marie était souligné d’un très fin liseré d’or.

Et comment trouver les mots pour dire la délicate texture de chair pâle de ce visage ennobli par la blondeur vénitienne des cheveux lisses ?
Dans les cernes bistrées qui soulignent les pupilles brunes à demi cachées sous les paupières baissées que rehaussent des sourcils à peine tracés, je perçois un mélange d’amour inconditionnel, de fatigue de jeune accouchée, et d’inquiétude de celle qui pressent le destin de son enfant.

Dans la maladresse apparente de son nez figuré comme vu du dessous, dans l’arc de cupidon des lèvres closes esquissant une petite moue, j’imagine une volonté du peintre de souligner l’humanité de la reine des cieux, un acte de compassion de l’artiste pour nous, pauvres mortels, nous permettant ainsi de nous sentir plus proches d’Elle.

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