Marie en robe rouge est issue d’une Adoration des bergers, peinte vers 1645 par Georges de La Tour (1593-1652). Une huile sur toile de 107 x 131 cm, conservée au musée du Louvre.

Georges de La Tour, peintre lorrain du XVIIe siècle tombera dans l’oubli après sa mort.
Un historien de l’art allemand le redécouvre en 1915 et lui attribue deux toiles du musée des Beaux-arts de Nantes. Dès lors, d’autres historiens et collectionneurs s’intéressent à de La Tour et, en 1934, une exposition au musée de l’Orangerie à Paris présente treize œuvres de l’artiste oublié. Bien d’autres découvertes suivront. On lui attribue aujourd’hui avec certitude une trentaine d’œuvres.1
Le contexte historique et l’analyse claire et concise de cette œuvre de Georges de La Tour par l’essayiste Patrick Aulnas, soulignent l’originalité du peintre, le dépouillement, l’intensité de la scène et son travail sur la lumière.
Avec émotion, je relis les mots si justes de Pascal Quignard sur le travail du peintre lorrain :
« Il fit de la nuit son royaume. C’est une nuit intérieure : un logis humble et clos où il y a un corps humain qu’une petite source de lumière éclaire en partie. Telle est l’unité de l’épiphanie : 1. la nuit, 2. la lueur, 3. le silence, 4. le logis clos, 5. le corps humain. »
Je ressens avec lui à quel point « Les orange et les rouges de La Tour brûlent par-delà le temps comme des braises ». Et je contemple « une masse brune, une flamme citron, un rouge franc, un vermillon plus sourd, une grandeur triste ».
L’écrivain observe que les « corps, pris en contrebas, y gagnent une taille d’idole », que « le nombre très limité de matières et de couleurs qui les revêt accroît leur apparence » , et enfin que « la construction de cette toile et des corps qui l’occupent est une charpente énorme qui bute volontairement contre les limites de la surface. »
Quignard souligne encore que « Les volumes cernés par la nuit et les attitudes que l’immobilité entraîne sont presque raides et tendent à devenir géométriques » et que « l’extraordinaire monochromie est due à la lueur » ; avant d’ajouter subtilement : « La nuit nous simplifie. Le silence et l’heure recueillent. L’unique source de clarté unifie. »2
1/ Lire la biographie de Georges de La Tour sur le site de Patrick Aulnas, « Rivage de Bohème »
2/ Extraits de La nuit et le silence : Georges de La Tour, Pascal Quignard, Collection Musées Secrets, FLOHIC Éditions, 2012.