Parce qu’ils sont l’image même de la métamorphose et de l’impermanence des choses, documenter la représentation des nuages dans l’art d’hier et d’aujourd’hui, c’est le plaisir de porter aux nues l’imagination inépuisable et la dextérité des artistes pour les figurer.
Deux ou trois images choisies et des mots pour le dire.

Ainsi redécouvre-t-on, quelquefois, l’étrangeté des nuages. À la fin d’une journée qui a été très chaude, alors que le soleil est encore haut dans le ciel, celui-ci s’assombrit rapidement à l’ouest, en même temps que se lève avec soudaineté un vent violent ; en un pareil moment, on voudrait avoir pu discerner le lieu exact où il a commencé à souffler, sa source — comme d’une rivière.1

(…) Du coup s’anime le spectacle du ciel. Au-dessous du zénith resté d’un bleu pur, les plus hauts nuages, probablement des cirrus, sont d’immobiles lanières blanches ; (…).1

(…) On ne sait trop à quoi les comparer pour rendre compte de l’émotion qu’ils vous donnent (…).
À moins qu’il ne faille voir en eux, plutôt des inventions du vent, variées, souples, mobiles, une des façons qu’il a trouvées, invisible, de se montrer à partir de l’humide que la terre exhale.1

1Extraits de Nuages, un livre de l’écrivain, poète et critique littéraire Philippe Jaccottet (1925-2021),
avec des dessins d’Alexandre Hollan (né en 1933), peintre d’origine hongroise représenté par la galerie La Forest Divonne,
2002 ‒ 32 pages , aux Éditions Fata Morgana